Interview du Docteur Xuân-Lan Nguyen

10 October 2017

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L’obstruction des voies respiratoires pendant la nuit est souvent liée à un surpoids de l’enfant, avec hypertrophie des amygdales.

Un enfant qui ronfle a-t-il un syndrome d’apnées obstructives du sommeil de l’enfant (SAOS)? Parfois, mais pas toujours. Généralement, ce sont les parents qui pensent en premier au diagnostic de SAOS lorsqu’ils en ont entendu parler ou sont eux-mêmes concernés.

 

«Martin respire mal la nuit! Ça perturbe son sommeil et le matin il est épuisé», explique Maître Dodo, alias le Dr Madiha Ellaffi dans un livre pour enfant sur le SAOS (Un sommeil de marmotte, édition Un Autre Reg’Art). C’est là tout l’enjeu du SAOS de l’enfant.

Comme chez l’adulte, il s’agit d’anomalies respiratoires au cours du sommeil qui ne sont pas dénuées de conséquences sur la santé. «Les ronflements et les pauses respiratoires sont évocateurs car c’est avant tout une pathologie respiratoire», soulignait d’emblée le Pr Xuân-Lan Nguyên de l’unité de somnologie et fonction respiratoire, à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), lors de la journée scientifique la Société Française de Médecine Dentaire du Sommeil aux «Journées pratiques respiration sommeil», le 5 octobre à Bordeaux.

 

Pour comprendre la respiration au cours du sommeil, il faut observer le plus gros des 15 muscles qui forment la langue, le génio-glosse. Ce muscle tire la langue vers l’avant et le bas, ce qui est fort utile pour éviter que la langue bascule en arrière dans la gorge! D’autre part ce muscle maintient la dilatation du pharynx (au fond de la gorge) et donc le passage de l’air. C’est lui qui représente la principale force d’ouverture du pharynx.

Malheureusement pendant le sommeil, le tonus de ce muscle diminue, et davantage encore pendant les phases de sommeil paradoxal (phases de rêve). Ce qui n’est pas forcément gênant quand, en face, les forces de fermeture du pharynx ne sont pas trop puissantes. Mais ce qui pose un problème, dans l’apnée du sommeil de l’enfant, c’est qu’à l’affaiblissement des forces d’ouverture du pharynx, vient s’ajouter un renforcement des forces de fermeture: l’hypertrophie des amygdales et des végétations. Autrement dit, le gonflement exagéré de ces glandes situées au fond de la gorge qui forment comme des rideaux, en principe ouvert, de chaque côté de la scène qu’est l’arrière de la langue.

«L’obésité de l’enfant est un facteur prédisposant majeur du SAOS, explique le Pr Nguyên, mais l’hypertrophie des amygdales et des végétations est possible à tout âge même sans obésité». C’est d’ailleurs ce qui explique que la base du traitement du SAOS de l’enfant, en particulier avant 5 ans, repose sur l’adéno-amygdalectomie (on enlève chirurgicalement les amygdales et les végétations).

 

Et aussi pourquoi il faut rester prudent avec les résultats des études qui ne tiennent pas compte du poids de l’enfant. Dans certaines anomalies du développement le risque de SAOS est aussi augmenté. L’institut Jérôme Lejeune et l’hôpital Necker Enfants Malades viennent d’ailleurs de lancer un programme de recherche clinique RESPIRE21, sur le SAOS dans la trisomie 21, car 30 à 50 % des jeunes enfants porteurs de trisomie seraient atteints.

Comment faire la différence entre un enfant ronfleur simple et un enfant ronfleur apnéique? «L’examen de référence est la polysomnographie, ou enregistrement simultané du sommeil et de la respiration, explique le Pr Nguyên, cela permet aussi de déterminer la sévérité du SAOS.» Un examen qui sera prescrit par un spécialiste.

On considère que lorsque l’enfant fait plus de 5 épisodes d’apnée ou d’hypopnée par heure, il y a des conséquences sur le plan cardio-vasculaire et cognitif (fonctionnement du cerveau). «C’est le cas de 1 à 5 % des enfants selon les études», ajoute la pneumologue.

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